La veille des Ombres [Pv: Séphyr]

Cela faisait des mois que j'avais quittée Varel pour Alkhor. Un royaume pour un autre. Je n'avais pas reçue des nouvelles de la Camouflée Varelloise avec qui je travaillais le plus souvent. Cependant, je ne m'inquiétais pas plus que ça. Si elle ne m'avait rien envoyer, c'était qu'il n'y avait rien à signaler, c'était ainsi que nous fonctionnions toutes les deux. Et si je voulais des informations, il y avait les Assemblées des Ombres. Seulement voilà, je n'avais pas le temps d'y aller. J'avais des préoccupations plus urgentes sur le moment.

Nous étions un nombre non négligeable d'Ombres mobilisées dans le pays. Certains sur les affaires de mort étranges de certains Lords, d'autres sur les disparitions de plus en plus fréquentes et nombreuses. Mais si je me trouvais ici, à ce moment là, c'était pour tout autre chose. Des membres éloignés de la famille royale d'Alkhor, avaient eu dans l'idée d'assister à la grande fête populaire. Seulement, des tensions tenaient le pays entier et je le ressentais même dans la Grande cité D'Eyrel. Il aurait suffit d'une étincelle pour embraser le pays entier. Sans compter les répercussions sur les deux autres pays. Non, il fallait préserver l'ordre et la paix.

J'étais alors seule, du moins à ma connaissance, à assurer la protection (de loin bien sûr), à l’affût du moindre comportement suspect, déplacé, étrange. J’aperçus Ethan, une Ombre que j'avais croisée à plusieurs reprises. Un regard échangé, un infime hochement de tête. Nous savions alors que nous étions là pour la même raison. Puis il disparut de ma vue dans la foule grouillante.

Je suivais depuis un petit moment déjà un homme, grand, les cheveux noirs, des yeux peu communs d'un rouge... Ce qui m'avait interpellée surtout, c'était l'aura qu'il se dégageait de lui. Une façon peu commune de se déplacer. j'avais discernée la présence d'une arme... au début, je l'avais observée parce que je l'avais trouvée... singulier. Alors que le port des armes étaient interdites dans l'enceinte de la cité pour cette journée. Comment avait-il pu échapper aux contrôle aux portes de la ville? Je l'ignorais. Mais je le tenais à l'oeil. Seules les Ombres, ou les Camouflés encore peuvent réussir ce genre de tour... ou un assassin. Je ne sus pourquoi, mais j'avais comme l'impression qu'il me baladait dans la cité depuis un moment déjà.

C’était le jour de la fête populaire, ce qui voulait dire que bon nombre de personne y seraient présente. Et qui disait foule, disait potentiels voleurs qui tireraient partit du monde pour subtilisaient des marchandises. Étant présent, je m’étais dit que je pouvais essayer de limiter les dégâts. Cette journée s’annonçait fatigante…être au milieu de la foule, devoir marcher d’une façon lourde, maladroite…

Secouant la tête, je me laissais tomber de mon perchoir et me réceptionnait silencieusement sur le sol. C’était parti…
Commençant à déambuler dans la foule, je cherchais des yeux une quelconque personne suspecte, et étouffant un bâillement, je repérais une personne qui semblait être une ombre. Qu’est-ce qu’il se passait pour y trouver un ombre ici ? Voilà je savais que cette journée aller être fatigante ! Poussant un soupire à en fendre l’âme, j’oubliais ma démarche lente pour commencer à me déplacer avec plus d’aisance.

Marchant sans vraiment de but, je me rendis compte qu’une personne me suivait. Quel était l’intérêt de me suivre moi ? Enfin ! Je n’aimais pas être suivit et je m’ennuyais…pouvais-je allié les deux ? Oui surement…
Ralentissant un peu la marche, je me faufiler entre les personnes, jetant quelques petits coups d’œil discrets pardessus mon épaule histoire de voir que l’on me suivait toujours. Ca commençait à devenir lassant…et puis cette ombre ou camouflé avait sans doute autres choses à faire !

Lâchant un bref rire, je m’engouffrais dans une petite rue très peu fréquentais, me cachant dans l’ombre. Une fois ma poursuivante arrivée, je me glissais derrière elle silencieusement.

-Puis-je savoir pourquoi vous me suivait ?

M’éloignant, je montrais d’un geste du bras toute la cité tout en fixant mon regard rouge dans ses yeux noirs insondables.

-La balade vous a plu ? demandais-je un sourire aux lèvres.

Peut-être sera-t-elle énervée de voir que je me moquais un peu d’elle, mais c’était elle qui avait commencé !

J’avais hésité un court moment avant de m’engager dans la ruelle sombre dans laquelle mon suspect avait disparu. Tout ça ne me disait rien qui vaille. S’il s’était effectivement rendu compte que je le suivais, je devais m’attendre à ce qu’il m’entraîne dans un piège. Mais à moins d’être assassin, Ombre, Camouflé où de posséder un sens sixième sens, la probabilité qu’un homme normal m’ait repéré était très faible. Je ne pense pas qu’un Camouflé me fasse tourné en bourrique pendant autant de temps. Je connaissais le visage de toutes les Ombres vu le nombre d’Assemblée auxquelles j’ai pu participer, or celui de cet homme ne me disait rien du tout. Il ne restait que l’hypothèse d’un assassin. Une voix retentit soudain, derrière moi. Je me tenais immobile. Je m’y attendais un peu, pourtant, je m’étais fait avoir comme une débutante. Bon sang !

- Puis-je savoir pourquoi vous me suivez ?

Une pensée horrible traversa soudain mon esprit. Et s’il m’avait attiré là dans le seul but de laisser le temps d’agir à ses complices ? Le champ d’action étant libre, ils n’avaient plus qu’à attendre le bon moment sans être inquiété de rien par qui que ce soit. Il aurait largement eu le temps de me tuer au moins trois fois. Aussi, je fus déstabilisée lorsque l’inconnu me passa à côté. Il s’éloigna de quelques pas. Me serais-je trompée à son sujet ? Un assassin n’aurait pas pris le temps de discuter, il en aurait fini le plus rapidement possible, étant à l’abri des regards. Il planta ses yeux rouges dans les miens.

- Vous m’intriguez. Avais-je lâchée, l’air de rien.

Qu’était-il donc ? Qui est cet homme qui se moque d’une Ombre

-La balade vous a plu ? avait-il demandé avec un sourire

Il en a de bonnes lui.

- Beaucoup merci, mais je connais bien la ville.en lui rendant son sourire.

Un peu d’humour ne fait de mal à personne hein ? Bien sûr j’étais vexée, mais l’on ne se joue pas d’une Ombre impunément. Et ça lui ferait trop plaisir que je perde le contrôle de moi-même. Alors là, niet !

Par habitude, je ne laissais filtrer aucune émotion autre que celle que je voulais montrer en fonction des rôles que j’étais amenée à tenir tout en étant naturelle, les expressions faciales, les réactions, la façon de parler, je n’étais plus une Ombre mais quelqu’un d’autre. Avec lui, j’avais décidée de rester une Ombre. Jouer une quelconque comédie ne m’aurait servie à rien. Alors je vins droit au but :

- Que venez-vous faire ici en ce jour de fête ? Armé comme vous l’êtes ?

- Vous m’intriguez.

Hm ? Oui j’intriguais souvent les personnes, peut-être à cause de mes yeux ou de ma façon d’être tout simplement. Mais ce n’étais pas vraiment un problème, les gens pouvaient me prendre pour qui ils voulaient, tant que je savais moi-même qui j’étais.

- Beaucoup merci, mais je connais bien la ville.

Hm, sourire pour cacher le fait qu’elle était un peu vexée, après tout je l’avais baladé, rien de plus normal. Était-ce par fierté qu’elle semblait garder le contrôle ? La fierté faisait faire des choses bien stupide parfois.

-Je n’en doute pas, mais voyez le bon côté des choses, c’est une belle ville.

Tout en lui répondant, j’eu un léger sourire moqueur avant de lui tournais le dos et observer la foule, précisément un homme, de façon distraite. C’était bien beau tout ça mais si elle était là, parce que j’étais presque sûr que c’était une ombre, c’était pour une bonne raison, mais laquelle ? Hm, en attendant je devais me remettre à surveiller les petits voleurs et autres brigands !

- Que venez-vous faire ici en ce jour de fête ? Armé comme vous l’êtes ?

Tournant les talons, je lui fis à nouveau face. Comme si j’avais choisi précisément ce jour-là pour venir ! cela faisait un moment que j’étais dans la ville et la fête n’avait rien à voir…j’avais oublié justement qu’il allait y avoir cette fête sinon j’aurais quitté l’endroit, je n’aimais pas spécialement les foules.

Croisant les bras, je lançais un regard par-dessus mon épaule m’assurant que personne ne malvenue de nous écouter.

-Je pourrais vous retourner la question. Enfin je suppose qu’une ombre n’a pas forcément besoin d’une arme pour se défendre.

Ramassant une pierre a mes pieds, je m’amusais a la lancé puis la rattraper tout en continuant de parler.

-La véritable question serait plutôt de savoir ce que vous faites ici. Vous êtes en surveillance ? En protection ? Pour le plaisir?

Haussant les épaules, je soupirais avant de remettre derrière mon oreille une mèche qui me gênait. Abandonnant mon caillou, je me dirigeais vers l’entrée de la ruelle et avant de me lancer à nouveau dans la foule je me retournais une dernière fois vers la femme.

-Enfin, vous n’avez pas à vous inquiéter. Nous sommes dans le même camp, si j’aurais été votre ennemis vous seriez déjà morte…à moins que vous soyez plutôt douée en combat.

Ponctuant la fin de ma phrase par un sourire aimable, je la laissais et me dirigeais vers l’homme que j’avais repéré plus tôt. Je n’allais pas lui dire que j’étais une ombre, non par jeu mais je ne voulais pas que ça se sache. Je ne voulais pas qu’on vienne m’embêter avec de multiple requête, je voulais juste qu’on me laisse seul. En plus si on savait que j’étais une ombre j’étais sûr que quelque chose de mauvais allait se passer.

Silencieusement je m’approchais de l’homme, avant de me cogner « malencontreusement » à lui. Ma main s’était habillement faufiler dans sa poche récupérant le bijou qu’il avait subtilisé a un marchant. Prenant un air infiniment désolé je m’excusai alors que je glissai le bijou dans ma manche. Quand l’homme reprit sa route, je secouais la tête navré pour lui, quel idiot ne pas s’assurer que rien ne lui avait été volé…enfin je n’allais pas m’en plaindre ! Une fois le bijou rendu au marchant, j’allais partir en quête d’un nouveau voleur quand je senti une présence.

-Vous me suivez encore ? soupirais-je faussement en voyant la femme.

-Je n’en doute pas, mais voyez le bon côté des choses, c’est une belle ville. avait-il dit avec un petit sourire moqueur avant de me tourner le dos.

Comment devrais-je interpréter cette réaction? Que soit c'était un imbécile trop confiant de ses compétences soit quelqu'un qui avait raison de l'être. Et malheureusement, je penchas plutôt pour la seconde hypothèse. Cet homme était dangereux. Toujours impassible, je lui avais demandé ce qu'il faisait ici.

-Je pourrais vous retourner la question. Enfin je suppose qu’une ombre n’a pas forcément besoin d’une arme pour se défendre.

Le fait qu'il me serve une telle réponse me m'était hors de moi. Me retourner la question?! Je remplissais ma fonction d'Ombre et encore heureux que je n'ai pas à me justifier! De plus, il n'avait pas réellement répondu à ma question. C'est sans doute cela qui m'énerva le plus. Et le pire c'est qu'il continua.

-La véritable question serait plutôt de savoir ce que vous faites ici. Vous êtes en surveillance ? En protection ? Pour le plaisir?

Alors là, tu peux toujours rêver pour que je te le dise, raillais-je en mon fort intérieure. Il n'avait pas jugé bon de répondre à ma question, je ne voyais pas ce que je gagnais à répondre à la sienne.

- A votre avis? lâchais-je en soupirant pour évacuer un peu ma frustration.

L'homme se retourna. Je ne pus m'empêcher de me trouver bien petite à côté de lui. Enfin, je n'étais pas très grande mais lui si.

-Enfin, vous n’avez pas à vous inquiéter. Nous sommes dans le même camp, si j’aurais été votre ennemis vous seriez déjà morte…à moins que vous soyez plutôt douée en combat.

Je savais qu'il venait me dire la vérité. Sinon, comment expliquer que je n'ai rien vu venir? Je pouvais sentir le danger et la direction dans laquelle il provenait, comme toutes les Ombres d'ailleurs.C'est une sorte de sixième sens. Sauf que là, je n'avais vraiment rien vu venir. Nada! C'était dérangeant, troublant. Devrais-je en conclure qu'il faisait parti de l'Ordre lui aussi? J'avais dû mal à croire que je ne l'avais jamais vu ni même croisé et pourtant, j'en avais fait des Assemblées! Pas depuis quelques mois certes mais quand même. Alors, j'aurais affaire à un Camouflé?

L'inconnu partait, et je n'étais pas plus avancée qu'avant. Je levais les yeux au ciel. Bon sang! Combien de temps avais-je perdue? Je me remis en marche. Et sans m'en rendre compte, machinalement, je lui avait emboîtée le pas.

-Vous me suivez encore ? soupira-t-il en me voyant sur ses talons.

L'on dirait bien que oui... Soleil vint se réfléchir soudain dans ma figure puis rien... D'où venait t'il donc précisément? RAhh!! et avec lui devant, je ne voyais strictement rien!

- Je travaille là alors, si ça vous ennuierait de vous décaler un peu sur le côté. Je vois pas grand chose là. grommelais je, ne cherchant pas à cacher ma mauvaise humeur, cette fois ci.

Soudain, le son des tambours, se firent entendre, encore lointain, mais qui se rapprochaient. Déjà?! Je pâlis. Il fallait que je me dépêche de clarifier la situation. Si un seul des parents royaux, même lointains du roi d'Alkhor venait à mourir, alors ce serait l'étincelle qui mettra de l'huile sur le feu! Je voyais déjà venir la vision de panique et de chaos s'emparer de la ville. Le pouvoir du roi déjà que bien fragile, voler en éclat et le contrôle du pays aux mains assoiffées de pouvoir. Non! La même histoire ne se répétera pas deux fois! Ombres et Camouflés y veilleraient! Bon vite! Un plan! Quelque chose! Sauf que je n'arrivais pas à en trouver, j'avais beau chercher, rien.

- Je travaille là alors, si ça vous ennuierait de vous décaler un peu sur le côté. Je vois pas grand chose là.

Penchant la tête face à sa remarque, je me décalais tout de même. Je n’étais pas là pour lui mettre des bâtons dans les roues tout de même ! En plus je venais de repéré quelqu’un d’assez louche…

La voyant pâlir j’arquais un sourcil perplexe, quoi encore ? Je m’étais poussé non ? Je n’allais quand même pas devenir minuscule pour son plaisir…

Le son des tambours m’apportèrent plus de réponses que je n’en voulais. Donc cette ombre devant moi était là pour protéger la famille royale ? Mais pourquoi sortaient-ils aussi ? Soupirant intérieurement je me grattais la tête tout en me demandant de quoi était fait le cerveau du roi…

-Bon je ne vais pas vous déranger plus longtemps dans votre mission, commençais-je tout en cherchant des yeux ma personne louche, mais vous feriez mieux de vous rapprocher un peu plus d’eux…

Je ne finis pas ma phrase, fronçant les sourcils, j’avais perdu ma cible…peut-être était-ce un assassin engagé pour tuer le roi ou un autre membre royale. Ou peut-être que j’étais tout à fait dans le faux…certes ça serait moins fatiguant mais non. Je ne pouvais pas me tromper.

Pestant tout bas je commençais à partir avant de lancer par-dessus mon épaule :

-En tout cas ne restez pas planté là !

Me faufilant dans le reste de la foule qui commençait à s’agglutinait à cause des nouveaux venus, j’essayais vainement de percevoir quelque chose. Ah quelle utilité d’être grand ?! Bon, je ne devais pas perdre mon calme, je devais me concentré…ça aurait été plus facile si on arrêter de me pousser dans tous les sens !

Si ça continuait je n’allais jamais y arriver, soupirais-je mentalement avant de m’éloigner un peu de la foule pour prendre un peu de hauteur. Une fois en haut d’un tout petit muret, j’observais minutieusement la foule, la famille royale arrivant déjà. Bon il y avait des ombres présentent dont cette femme qui ne me paraissait pas être une incapable donc je n’avais pas à m’inquiéter plus que ça mais…Ah ! Enfin je retrouvais mon assassin ! L’éclat de son poignard au soleil avait attiré mon attention et descendant de mon perchoir je me jetai un nouveau dans la foule pour arriver à son niveau le plus vite possible.

Le tout était d’agir discrètement pour éviter une panique et laisser un le champ libre à tout ennemis. Arrivé derrière l’homme silencieusement, je pris son bras et le tordit de façon à ce que la pointe du poignard soit sur son dos. Sentant les muscles de l’homme se tendre, j’allais lui chuchoter a l’oreille :

-Ne fais rien, tu auras la vie sauve…

Ou peut-être pas. Regardant par-dessus mon épaule je vis la femme pas très loin de moi. Tiens c’était une manie ? Enfin, il n’était surement pas le seul assassin dans le coin.

Spoiler:

Parmi le brouhaha ambiant, une voix me tira de mes pensées confuses.

-Bon je ne vais pas vous déranger plus longtemps dans votre mission, mais vous feriez mieux de vous rapprocher un peu plus d’eux… En tout cas ne restez pas planté là !

Je ne répliquais rien à cela. D’une part, parce qu’il avait raison d’autre part parce que dans l’immédiat, j’avais d’autres préoccupations plus importantes : régler le compte des assassins avant qu’ils aient l’occasion de passer à l’acte. Le problème, c’était qu’ils étaient assez nombreux pour avoir la prétention de ne pas rater leurs coups. Enfin, je n’étais pas seule et heureusement.

Je me tenais à l’affut, tous les sens en alertes, prête à agir, sans en avoir l’air, telle une Ombre parmi tant d’autres. Mes camarades faisaient honneurs à la réputation de notre Ordre par leur efficacité et leur discrétion mais l’inquiétude ne me quittait pas loin de là. Elle grandissait au fur et à mesure que les sons des tambours se rapprochaient.

Tout près de moi, les battements d’ailes me firent sursauter et sans pouvoir m’en empêcher, je suivis le vol d’une colombe échappée des mains d’un prestidigitateur.
Un éclat de lumière jaillit sur un toit puis un autre lui répondit. Aucun doute possible. Le danger venait également des toits ! Et ils communiquaient par signaux lumineux ! Bien évidemment, l’attention collective étant sur la piste, ils pu tirer sans être inquiétés de rien et profiter de la confusion pour s’échapper dans la foule. Et le pire dans tout ça, c’était par le plus pur des hasards si j’ai levé les yeux.

J’avais besoin d’une diversion pour atteindre les toits sans me faire repérer. Pour éviter de laisser ces tueurs s’envoler comme une volée de moineau dans la nature ou de me faire tirer dessus. Car c’était une certitude qu’ils surveillaient les escaliers. De plus, il fallait que je démobilise certains de mes camarades au sol. Mais vite. Je me rapproche d’un tandem Ombre-Camouflé et fait mine de buter contre quelque chose. Je me raccroche à mon collègue tout en lui glissant :

- Les oiseaux sont sur les toits et ils nous surveillent. Prenez garde, une dizaine au moins. Prévenez les autres, les oiseaux dormiront quand les chats lèveront la tête.

Il hocha imperceptiblement la tête, signe qu’il comprenait ce que je lui demandais. Et le couple repartit, vers un autre qu’ils saluèrent un moment. Je souris, satisfaite. Nous allions avoir besoin de temps pour nous organiser me disais-je en marchant et ce faisant, je vis l’homme aux yeux étranges. La carrure de cet homme, sa singularité. C’était l’homme qu’il me fallait. Ombre où camouflé, même si je pense plutôt à une Ombre, il allait m’aider. D’un coup, je sentis un choc dans mes jambes, je regardais alors à mes pieds. Un enfant. Sans s’embarrasser d’excuse, il s’apprête à détaler sans demander son reste. Je l’attrapais par le bras et lui dit :

- Il y a plusieurs façons de se faire de l’argent petit. Malheureusement pour toi, je ne suis pas de celles qui mettent leur argent dans une bourse accrochée à la ceinture. La technique d’approche cependant est… originale.

Je fis apparaître une pièce d’or dans ma main. Tout en la lui faisant miroiter je continuais :

- Figure-toi que tu tombes à point nommé. Tu vois ce géant aux yeux rouges? C’est un saltimbanque. Demande-lui un numéro de ma part et cette pièce sera à toi. Tu préciseras bien que la demande vient de la femme avec qui il s’est baladé aujourd’hui.

- Et si je refuse ? fit le petit d’un air de défi.

Mais je ne m’y trompais point, c’était bien une lueur intéressée qui brillait dans ses yeux.

- Je trouverais quelqu’un d’autre. lâchais-je en haussant les épaules.

Il fit mine de réfléchir puis lança :
- Deux pièces, j’en veux deux. Une maintenant l’autre après.

Je fronçais les sourcils. Ce môme se paie ma tête ma parole !

- Tu auras une pièce d’or après avoir rempli cette commission. Lâchais-je intraitable, d’un ton qui ne souffrait aucune réplique.

Je le vis hésiter entre sa fierté blessée et l’appât du gain, dans un mouvement d’humeur, j’ajoutais :
-Et magne-toi ! Si tu ne veux pas un coup de pompe dans le cul. Je suis pressée.

Je le relâchais. Et il fila jusqu’à mon homme. Je regrettais d’avoir haussé le ton comme ça, c’était bien la première fois depuis mon service que je perdais mon sang froid. Mais le temps pressait et le temps n’était pas à la diplomatie… Me chercherais-je des excuses ? Cette unique question en entraîna bien d’autres. Et si je m’étais trompée ? Si cet homme n’était pas une Ombre ? Il ne comprendrait pas ce que je lui demandais ! Et là, il faudrait que je trouve d’urgence une autre idée, car le convoi se rapprochait dangereusement vite d’ici d’après ce que je pouvais entendre. J’espérais vraiment ne pas m’être trompée sur son compte et ne pas avoir en désespoir de cause, jeté mon dévolu sur lui.

Spoiler: